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musiques de b​â​illement (suite)

by chevo légé

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Suite de l’assouplissement de la mâchoire, donc…

Il semble que l’aventure ait pris de l’ampleur, dans des contextes non seulement relatifs à ces moments troubles de réveil ou de fatigue impromptue, mais pouvant aussi accueillir un état d’être hors de ces opportunités, stimulé par le désir de résonner différemment en s’accordant aux ondes alpha, celles qui vibrent chez les animaux et les êtres en méditation ou somnolence…
La recherche sous-jacente à toute cette manœuvre se fonde sur une nécessité de ne pas être (ou le moins possible) intentionnel… On souhaite se laisser surprendre, avec cette fameuse exigence « d’arriver à l’inconnu par le dérèglement de tous les sens » … Et l’on devine bien que cette aspiration se place à un endroit fragile, entre modestie et arrogance, simplicité et confusion, facilité et résistance… Parfois, cette quête m’apparait comme une métaphore d’un funambule inexpérimenté, dangereusement suspendu sur un fil au-dessus du vide, dont le vertige serait comme l’incarnation d’une tension entre l’amour le plus ébloui et la violence la plus secrète…

De même que l’on tente d’échapper au piège d’une mécanique nous intimant de juger sans relâche, qu’il s’agisse de l’autre, de ses actes ou ses empreintes, ou d’un phénomène quelconque, cette manière plus ou moins volontaire de faire exsuder les matières enfouies sans les anticiper nous laisse croire qu’il est possible de ne pas opposer de censure à leurs apparitions… C’est seulement une fois les dés jetés qu’on sort la balance, cette balance des anciens temps, qui usait de poids de tailles différentes afin de parvenir à l’équilibre parfait, ajustant d’un côté puis de l’autre avec des poids toujours plus infimes et légers jusqu’à l’instant intriguant où point une impression de suspension idéale, d’apesanteur souveraine… Il en est ainsi de mon ingérence vis-à-vis de ces musiques indomptées… Elles se révèlent malgré moi, et c’est une fois leur apparition manifestée que je décide d’agencer leur forme dans l’espoir qu’elles m’élèvent suffisamment au-dessus d’un monde trop lourd et prosaïque, le monde en question n’étant pas nécessairement le terrestre, mais d’abord celui, plus abstrait, créé par l’état premier de ces sons fraichement surgis… En clair, l’agencement en question consiste dans le fait d’équilibrer les différents éléments entre eux et de doser leur apparition ou disparition au fil du déroulement de l’ensemble, pouvant induire de-ci de-là une narration, aussi rudimentaire soit-elle… Au fil de ce travail, je guette l’hallucination, celle qui se dépêtre des dimensions faciles et habituelles, je recherche l’envoûtement propre à annuler le sentiment de ma corporéité et ouvrir ainsi à l’espace insondable du grand Tout, du mystère perpétuel… Et la magie d’un tel mouvement réside dans ce paradoxe d’un art indéfectiblement lié au temps s’affranchissant soudainement du Temps lui-même… Le Temps devenant Eternité… « C’est la mer allée avec le soleil », comme disait l’autre… Quant à savoir si le but est atteint, la réponse sera bien sûr différente pour chacun… La manœuvre est férocement solitaire, avant tout… Hédoniste, peut-être ? On souhaite malgré cela atteindre, toucher l’autre, et ne pas demeurer dans une sorte de prison solipsiste… Récemment, un échange épistolaire avec un musicien dont j’admire profondément le travail m’a renforcé dans cette croyance qu’on ne fait pas les choses uniquement pour soi-même… Le fait de partager, d’éprouver de la joie, de l’intérêt ou de l’étonnement autour du même objet, amplifie ce besoin de dilution d’un soi-même déterminé dans l’espace-temps pour tendre vers le total, le sidéral, le cosmique…

Au fur et à mesure de ce pèlerinage musical, on a fini par percevoir l’entremêlement élémentaire des aspirations suivantes : une quête de l’inconnu, c’est-à-dire une rencontre ou un besoin de familiarité avec l’ « étrange(r) » venant de soi ; une envie de partager cet « étrange(r) » avec d’autres (qui eux-mêmes cherchent peut-être à le faire résonner avec leur propre « étrange(r) ») ; un désir de s’appuyer sur cet « étrange(r) » pour s’extraire du déterminisme habituel en s’absorbant dans un phénomène magique et absolu… En parallèle au paradoxe « Temps/Eternité », advient celui du « connu/inconnu » ou du « familier/étrange » … Inquiétante étrangeté… Ce qui était inconnu devient connu tout en conservant une saveur d’inconnu, comme si sa répétition n’entachait en rien sa nouveauté…

A l’aide de ce processus créatif, on a suggéré qu’on cherchait l’enfoui, ou mieux, l’inouï… Et, tentant de décrire le plus sincèrement possible son cheminement avec ses ramifications diverses, on a omis de parler de ce qui constitue peut-être le fondement même de sa possibilité d’être ou de surgir, à savoir l’erreur… La recherche en question n’est ni préoccupation purement physique (à l’instar d’Alvin Lucier, par exemple, pour qui la vibration sonore semble être l’outil fondamental de son investigation), ni rêverie mathématique, ni volonté de formuler un langage qui aurait son lexique propre… Elle reste ce qu’on a tenté de décrire, une attention délestée, une écoute libre, une immersion dans les tréfonds, une pêche miraculeuse, un geste primitif… Dans cette impulsion, l’ambition de faire bien les choses n’existe plus, et l’erreur devient par conséquent une occurrence naturelle et normale, bien qu’on ne la recherche pas… J’en ai eu la conscience définitive lorsque, tentant à deux ou trois reprises de modifier ou reprendre un élément qui me semblait imparfait, mal énoncé, j’abandonnais rapidement, sentant que la valeur féconde de l’ensemble en serait affaiblie, corrompue, truquée, en somme…
J’accepte donc le jeu tel qu’il se présente, reflet de mes incompétences vivantes, de mes imperfections intimes… J’ai ainsi un ami, grand maitre de son instrument de musique, qui se vante de trébucher à loisir… Quand il m’a avoué ça, je l’ai définitivement adopté dans mon cœur !
On évoquait un peu plus haut la joie du partage, dont le symétrique atemporel serait cet absolu et pur sentiment de compréhension avec des gens qu’on ne connait pas, qu’on ne connaitra jamais, qui ont pourtant produit des œuvres nous paraissant si proches et familières… Chemin faisant avec ces musiques de bâillement, j’ai fini par établir des lignes de rencontre avec certaines de ces œuvres, comme celles de Robert Turman, Dome, Erik Satie… Il est difficile d’expliquer en quoi, car il ne s’agit pas d’une histoire de forme, ni de procédé… Quelque chose qui excède tout cela ? Une nuance de l’âme ? Une absorption sidérale ?

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released November 12, 2023

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chevo légé Rennes, France

chevo légé is the solo project of Thomas Fernier, also involved in marteau mu marteaumu.bandcamp.com, Supersoft 14- 18 www.partyculsystem.com/artist/supersoft-14-18/, Go On And Off goonandoff.bandcamp.com/releases, Las Bocas de la Serpiente lasbocasdelaserpiente.bandcamp.com and Poésie Is Not Dead www.facebook.com/groups/111723452190146 ... more

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